Ásta – Jón Kalman Stefánsson

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Traduit par Eric Boury

Un roman qui intrigue dès la page du titre : Ásta est sous-titré « Où se réfugier quand aucun chemin ne mène hors du monde ? » Où nous embarque Jón Kalman Stefánsson avec cette phrase bien mystérieuse, un brin mystique ? La page suivante contient quatre mots : « Les pages qui suivent ». On tourne la page et le contenu semble révélé : « renferment le récit de la vie d’ Ásta, qui a jadis été jeune, mais qui est nettement plus âgée au moment où ces lignes sont écrites ou, disons plutôt hâtivement griffonnées, puisqu »ici tout advient à grande vitesse , y compris quand l’histoire avance si lentement que le temps semble presque immobile. »

Jón Kalman Stefánsson va bousculer les habitudes du lecteur qui s’attendrait à un récit chronologique. Il est difficile de résumer l’histoire de ce roman sans en oublier la moitié en route. C’est une histoire d’amour : celle d’un père pour sa fille ; celle d’une fille, devenue femme, pour son amant disparu. C’est une histoire de femmes libres : Asta partie à Vienne pour étudier Brecht ; Helga, devenue mère trop tôt est comme une lionne en cage, et abandonne son enfant. C’est le roman d’apprentissage d’une gamine de 15 ans à fleur de peau, envoyée un été dans une ferme des fjords de l’Ouest pour la remettre sur le droit chemin – mais les choses ne vont pas se passer tout à fait comme prévu. C’est l’histoire d’un père qui a refait sa vie, à présent allongé sur l’asphalte d’une ville de Norvège, plein de regrets. C’est l’histoire de vies rêvées qui ont pris un autre chemin.

Jón Kalman Stefánsson raconte la vie, tout simplement, avec ses moments de lumière et d’obscurité. La déconstruction du récit lui donne réalisme, profondeur et un souffle hors normes.

La plume de l’écrivain se fait tour à tour et dans le désordre, poétique, moqueuse, lyrique, drôle, érotique, tragique, ironique, tendre, fantasque. On a chaud, on a froid, on rit, on est triste. On passe par toute une palette d’émotions et on n’en sort pas indemne. On s’attache aux personnages qu’on pense pouvoir croiser un de ces jours.

J’aime la malice de cet écrivain, ça ne fait que se confirmer !

Magnifique et génial.

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A propos Maeve

Blogueuse littéraire depuis 2009, lectrice compulsive depuis l'âge de 6 ans ^_^ .
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9 commentaires pour Ásta – Jón Kalman Stefánsson

  1. Ingannmic dit :

    Quel enthousiasme, j’avais déjà noté ce titre, je le surligne !

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    • Maeve dit :

      J’ai adoré, effectivement. J’aurais pu en écrire encore des tonnes sur la richesse de ce roman mais c’est mieux de laisser les lecteurs la découvrir. Certains ont été gênés par la déstructuration de récit et moi pas du tout. C’est la vraie vie.

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  2. Mimi21 dit :

    Ce livre me tente beaucoup et je n’ai encore rien lu de cet auteur, mais il m’effraie en même temps …

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    • Maeve dit :

      C’est un écrivain accessible ! Ce roman est un peu différent des 2 autres que j’ai lu de lui. Je pense que le suivant pour moi sera  » D’ailleurs les poissons n’ont pas de pieds ».

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  3. alexmotamots dit :

    Toujours pas dispo à ma BM, je désespère….

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  4. J’ai adoré son écriture, ses prises de position. Je l’ai lu à sa sortie dans le cadre d’un groupe d’explorateurs de la rentrée littéraire et même si j’ai été un peu déboussolée parfois par la construction du récit je veux lire autre chose de cet auteur a la plume magnifique. 🙂

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    • Maeve dit :

      Oui, tout à fait s’accord ! Je le voudrais ex-aequo pour le Grand Prix des Lectrices avec « Le chant des revenants » de Jesmyn Ward. Les 2 meilleurs romans selon moi, mais il me reste « Vigile » à lire.

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