Traduit par Sarah Tardy
Assez de bleu dans le ciel, un titre français qui tombe à pic pour respirer loin de l’atmosphère plus que nauséabonde qui règne sur les réseaux sociaux dont je m’éloigne pour quelques temps. L’hypocrisie et la méchanceté ont des limites. L’intolérance aussi 😦 .
Pour vivre heureux, vivons cachés. Profitons de la lecture et des sorties littéraires qui s’annoncent sympathiques. Et des amis, des vrais, pour partager les belles choses qui nous rassemblent. Les autres, je les renvoie à leur Prozac, à leur morale, plutôt que de taper sur les mauvaises personnes.
Je les laisse à la violence de leurs mots, dont ils ne comprennent visiblement pas la force : se faire traiter de « pollueur », puis d’« esprit toxique », (sic!), de lire « tes commentaires exacerbés commencent à me gaver » (exacerbés ? et sur mon mur en plus, sérieux, j’ai le droit de dire ce que je pense !), puis lire « tu m’as viré de tes contacts comme une malpropre » (ben genre je vais continuer à me laisser taper sur la tronche sans moufter tant que j’y suis), je me demande où est leur sens du respect d’une opinion différente de la leur. Je ne parle même pas du reste tellement hallucinant que je n’en reviens pas. Et ils peuvent se rouler par terre de rage : la peur n’évite pas le danger et les coupables ne sont pas les abstentionnistes mais les électeurs de Le Pen. Faut pas sortir de St Cyr quand même… La mauvaise foi a aussi des limites.
Revenons à nos moutons (irlandais). Le dernier Maggie O’Farrell dont j’ai lu quasiment tous les romans (sauf Quand tu es parti, qui est dans ma bibliothèque depuis des lustres, était épuisé, mais vient d’être réédité chez 10/18).
Daniel, un Américain parti fêter les 90 ans de son père dans le Donegal en Irlande, tombe sur Claudette, en panne sur le bord de la route. La dame est un zeste agressive, comme sur le qui-vive. C’est son fils, Ari, un gamin bègue qui l’a guidé jusqu’à elle.
L’histoire racontée par Maggie O’Farrell n’est pas chronologique. Tous les romans que j’ai lus récemment explorent cette même technique de la narration « éclatée ». Je me demande si c’est une question de mode ? Sans doute. En tout cas une technique qui permet de ménager le suspense en dévoilant le passé des personnages, leur part sombre, de creuser leur complexité.
Le portrait de Claudette, présenté par son mari Daniel est pour le moins surprenant au premier abord (elle vient juste de le fiche dehors, certes, mais quand même) : « Ma femme – je dois vous le dire -, ma femme est folle. Pas folle à enfermer avec des médicaments et des hommes en blouse blanche (bien que je me demande, parfois, si elle ne l’a pas déjà été), mais folle dans un sens plus subtil, plus acceptable socialement, moins voyant. Elle ne pense pas de la même manière que les autres. Sortir un flingue devant un type qui traîne autour de votre maison, très probablement en toute innocence, est pour elle une réponse non seulement admise, mais encore appropriée. » 🙂
Claudette n’est donc pas une tiède et on a l’impression que Daniel est tout le contraire. Pourtant…
Le fil du récit va dévoiler l’histoire complexe de ce couple hors normes, construit sur un passé ignoré de l’autre, de blessures. De morts. D’alcool.
Il est difficile de parler du roman sans en dévoiler trop. L’intérêt réside dans sa construction vertigineuse qui nous fait voyager à travers le temps – mais de manière non chronologique, et les continents (les USA, l’Irlande, la France).
Finalement, c’est l’histoire de deux naufragés : Claudette et Daniel. Claudette, ancienne star de cinéma, qui a tout plaqué du jour au lendemain pour venir se cacher avec son fils Ari âgé de 6 ans en Irlande. Elle a quitté son mari, cinéaste, sa vie fait de futilités et d’argent coulant à flots, pris la fuite pour se retrouver.
Daniel est linguiste. Il aidera Ari à atténuer son handicap. Et c’est par Ari qu’il fera la connaissance de Claudette. La communication entre Claudette et Daniel n’ira pas de soi. Un couple qui va se bâtir sur une construction improbable.
Daniel, dont le passé ressurgi via une information radio qui lui apprend la mort d’une certaine Nichola il y a des années. Son premier amour. La mort semble quelque chose qui le poursuit, la marque de fabrique dont il se sent coupable et responsable : « Comment intégre-t-on dans la vie de tous les jours, l’idée d’avoir tué quelqu’un ? Comment accomplir tous les petits rituels du quotidien tout en sachant qu’à cause de vous une femme a trouvé la mort ? »
Daniel, après Nichola et avant Claudette a été marié. Sa fille Phoebe, ado partie s’acheter du gloss avec une copine, s’est trouvée au mauvais endroit au mauvais moment, tuée par un tireur fou.
Assumer deux morts, c’est trop pour Daniel qui se noie dans l’alcool, se met à vivre reclus chez lui. Il faudra toute la force et l’amour de ses enfants pour le sortir de là. Et aussi l’amour de Claudette. Chacun va devoir mettre une partie de son ego de côté pour se sauver de l’effondrement rédhibitoire.
Un bon gros pavé de presque 500 pages que j’ai englouti en une semaine. Un bon moment de lecture, même si je me suis, par instants, un peu perdue en route. Entre les nombreux personnages et les liens qui les relient entre eux. Pas mon préféré de l’auteure qui reste pour l’instant l’indétrônable Etrange disparition d’Esme Lennox.
J’adore cette auteur dont j’ai lu tous les livres. Ton avis me conforte car ce roman sera l’une de mes prochaines lectures …
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Oui moi aussi j’aime pas mal ses romans même s’ils sont inégaux : je n’avais pas du tout aimé « La femme de mon amant ». Bonne lecture!
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Ce roman irlandais ne pouvait que te plaire.
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Parfois je suis aussi décue par certains romans de l’île d’Emeraude…
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J’ai aussi lu plusieurs de ses romans, mon préféré étant « La maîtresse de mon amant ».
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C’est le seul que je n’ai vraiment pas aimé. 😉
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j’ai bien aimé, car j’aime ces narrations éclatées, mais moins que « L’étrange disparition d’Esme Lennox qui a été un coup de cœur…
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Même chose. Les narration éclatées ne me gênent pas non plus mais par moments ici je me suis perdue en route, un petit peu, même si l’impression finale est positive. 🙂
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