Ces derniers temps, je me suis mise à relire des BD et romans graphiques.
En voici deux qui valent le détour : une dont tout le monde a entendu parler : Algues vertes, l’histoire interdite , d’Inès Léraud (journaliste) et Pierre Van Hove (illustrateur) et Jours de sable d’Aimée de Johgh qui se déroule en 1937 pendant la Grande Dépression.
La majorité des Français ont entendu, vaguement (oups, c’est pas un jeu de mots !) parler de cette histoire de pollution aux algues vertes sur les côtes bretonnes, sans pour autant connaître la réelle ampleur du désastre et le scandale d’Etat à la clé de tout ça. Je viens de passer six mois de ma vie en Bretagne, mais, même si je connaissais l’existence de cette BD sortie en 2021 et le film qui en a été tiré, je n’avais pas encore trouvé l’occasion de me plonger dedans. Si j’ai eu du mal avec le style graphique, je dois dire que tout le reste l’a emporté au fur et à mesure que la colère grandissait en moi. Cette BD est une tuerie (encore une fois, sans jeu de mots ! 🙂 ) Une histoire juste dingue et scandaleuse qui dure depuis plus de quarante ans. A ce jour, il y a eu pas moins de quarante animaux morts et trois humains. Mais ce ne sont que les chiffres officiels car pendant des décennies, les gouvernements successifs et leur bureaucratie ont mis l’histoire sous le tapis, trouvant de motifs de santé défaillante aux personnes décédées ou animaux. Le tout au nom du tourisme, du lobby de l’industrie agro-alimentaire et de l’agriculture intensive (les deux dernières étant liées). Aujourd’hui, l’Etat a reconnu une partie des faits. Mais on se contente de mesurettes, on ramasse les algues… L’industrie agroalimentaire s’en fiche. Les éleveurs produisent des porcs et poulets en batterie essentiellement pour l’exportation. Le lisier continue à produire du nitrate qui pollue indéfectiblement le sol, les rivières et la mer et favorise la prolifération des algues vertes qui elles-mêmes produisent de l’hydrogène sulfuré mortel à une certaine dose…. Annexes, repères et documents sont disponibles à la fin de l’ouvrage. Je n’ai pas encore vu le film mais ça ne saurait tarder ! Une lecture impérative .
La solution est dans les réflexes de consommateur. C’est compliqué, pas à la portée de toutes les bourses mais malheureusement il faut en passer par là, c’est à peu près le seul moyen qu’on a, chacun à notre niveau. Trop de gens n’ont pas les moyens, certes, mais surtout s’en fichent complètement de manger du caca, n’ont pas conscience que cela leur filera, plus tard, un cancer dans le meilleur des cas…
Dans un autre genre, mais encore une histoire vraie, Jours de sable met en avant un phénomène méconnu.
Traduit par Jérôme Wicky
Remarque : le titre en français est à côté de la plaque, parce que tout le long de l’ouvrage, on nous explique qu’il ne s’agit pas de sable mais de poussière !
En 1937 aux Etats-Unis, John Clark, jeune photographe est engagé par un organisme gouvernemental chargé d’aider les fermiers victimes de la Grande Dépression. Sa mission est de témoigner, grâce à la photographie, de la vie de ces fermiers dans ce qu’on a appelé le Dust Bowl, situé en Oklahoma, Kansas et Texas. Cette région vit une sécheresse depuis plusieurs années. Des tempêtes de poussières spectaculaires rendent la vie impossible et plongent les habitants dans la misère quand ce n’est pas la mort car il s’agit d’un phénomène dangereux pour la santé. Les plus chanceux arrivent à migrer vers la Californie.
C’est passionnant, très documenté. Il y a de nombreuses photos. Cette sécheresse va durer dix ans alors qu’avant la région était verdoyante. On apprend également ce qui, cumulé à la sécheresse, a déclenché la naissance des tempêtes de poussière : l’agriculture intensive.
J’ai aimé les dessins très travaillés qui rendent bien l’ambiance.
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